mercredi 24 octobre 2012

5 bonnes raisons d'évaluer la personnalité des sportifs

Evaluer la personnalité des sportifs de haut niveau est une pratique courante aux Etats-Unis, notamment dans les sports collectifs. Elle l'est nettement moins en France... et pourtant! Voici 5 bonnes raisons d'évaluer la personnalité des sportifs.

1-Faire les bons recrutements.  Dans les sports collectifs, un entraîneur ou un sélectionneur a tout intérêt à se pencher sur la personnalité du sportif qu'il entend recruter. Si les qualités techniques et physiques d'un sportif sont primordiales pour réussir à haut niveau, sa personnalité peut aussi expliquer les réussites et les échecs de recrutement.Les critères à prendre en compte pour établir le "profil de personnalité idéal" sont notamment : le niveau d'exposition du joueur, le rôle confié au sein du collectif et le style de l'entraîneur.
Le niveau d'exposition ? Les exemples de joueurs ayant du mal à gérer le passage de leur club formateur à un club plus exposé sont légions. Des traits de personnalité comme la résistance émotionnelle et l'adaptabilité jouent un rôle non négligeable dans ces difficultés.
Le rôle au sein du collectif? Prenons l'exemple du cyclisme : avoir un rôle d'équipier suppose des qualités différentes d'un rôle de leader. On attendra plutôt de l'équipier des qualités de discipline, de réceptivité aux conseils, d'altruisme, et du leader des qualités d'influence sur les autres.
Le style de l'entraîneur? Un sportif particulièrement autonome "fonctionnera" mieux avec un entraîneur au management participatif qu'avec un entraîneur très directif.

2- Bien intégrer les sportifs. Bien connaître un sportif qui rejoint une équipe permet de mieux l'intégrer. Parmi les bonnes pratiques possibles : s'assurer d'un accueil proactif du capitaine et des coéquipiers pour intégrer des personnalités inhibées, prévoir un soutien logistique du club pour des personnes manquant d'organisation, donner des responsabilités dans la vie de groupe aux personnalités influentes.

3- Faciliter le travail de l'entraîneur. L'entraîneur ne gère pas tous les sportifs de la même manière. Un joueur manquant de confiance en lui aura par exemple besoin d'être rassuré, un joueur trop confiant aura plutôt besoin d'être challengé. D'où l'importance de donner des clés à l'entraîneur pour bien connaître chaque sportif, et pour lui permettre d'individualiser son management en fonction des besoins et particularités de celui-ci.

4- Fournir une base à un travail de préparation mentale. Le bilan de personnalité, lorsqu'il s'accompagne d'un retour auprès du sportif, lui permet de prendre conscience de ses points forts et de ses axes de progrès d'un point de vue mental. Il constitue alors une solide base de départ  pour travailler tel ou tel aspect (gestion du stress, motivation, confiance en soi, concentration) avec un préparateur mental.

5- Améliorer le fonctionnement de l'équipe. A partir de bilans de personnalité réalisés par les sportifs, il est possible d'identifier des rôles manquants dans l'équipe, d'analyser des réussites et des échecs, et enfin de faciliter la communication entre les sportifs.




jeudi 18 octobre 2012

Avouer ou non?

Dans le cadre de l'enquête menée par l'USADA sur les pratiques dopantes de Lance Armstrong, plusieurs coureurs encore en activité ont reconnu s'être dopés, entre autres : George Hincapie, Levi Leipheimer, David Zabriskie. On notera là qu'il s'agit d'aveux bien peu spontanés.

Avouer ou pas? Voilà le dilemne auquel sont confrontés les sportifs ayant eu recours à des substances interdites. Une analyse (non exhaustive) des principaux coûts et bénéficies permet de mieux comprendre cette décision.

Les bénéfices de l'aveu :
- sur le plan psychologique, soulager sa conscience : un bénéfice particulièrement fort pour les sportifs dont les valeurs personnelles s'opposaient à leur pratique dopante et aux mensonges que celle-ci impliquait. L'aveu permet alors de mettre fin à ce que les psychologues appellent une "dissonance cognitive".
- sur le plan psychologique toujours : se prémunir du risque que la découverte soit faite par les douanes ou les autorités sportives et donc s'épargner une épreuve sans doute plus difficile encore.
- sur le plan sportif :  réduire la suspension  induite par la mise en évidence par les autorités de la pratique dopante, si toutefois un accord a été négocié au préalable avec les autorités sportives ou de lutte anti-dopage (comme cela est le cas pour plusieurs cyclistes concernés par cette affaire).

Les coûts de l'aveu :
- sur le plan social : une image dégradée auprès du grand public et des proches. Encore que... le fait d'avouer et donc de faire amende honorable génère un certain sentiment d'indulgence, voire d'admiration lorsque l'aveu est totalement spontané.
- sur le plan social : un risque de "mise à l'écart" par les autres sportifs, à la fois ceux qui estiment que la loi du silence a été trahie, et ceux qui s'estiment lésés par la concurrence malhonnête induite par le dopage.
- sur le plan sportif : une suspension, accompagnée parfois d'un licenciement. La remise en cause du palmarès également.
- sur le plan économique : une baisse de revenus liée à la rupture de contrats (de travail, de sponsoring).

Si l'aveu procure des gains sur le plan psychologique, il est risqué sur le plan social, sportif et financier. Voilà pourquoi les aveux spontanés sont rares, et concernent généralement des athlètes dont la carrière est terminée. En effet, pour ces derniers,  les coûts sportifs et financiers sont faibles voire parfois inexistants. A contrario, les gains sur le plan psychologique sont forts, certains ayant  besoin de se réconcilier avec eux-mêmes pour prendre un nouveau départ dans la vie.


dimanche 14 octobre 2012

Un temps pour tout

L'équipe de France de football s'est inclinée 1-0 vendredi contre le Japon. Après le match, la presse a appelé les joueurs à se remettre en cause, à analyser leurs failles collectives et individuelles en vue du match contre L'Espagne ce mardi. La plupart des journalistes invitent les joueurs à faire leur auto-critique, à ne pas chercher de fausses excuses, à s'alarmer du niveau de jeu ou du manque d'efficacité. Exemple ce dimanche dans l'Equipe, où un chroniqueur commente l'attitude des joueurs après-match : "Micros ouverts, les joueurs ont tous plus ou moins disserté sur l'injustice qui leur avait été faite, sur leur domination, les progrès entrevus... Tout un bla-bla dénué d'auto-critique vraiment tangible".

Appeler à un travail d'auto-critique à quelques jours d'un match capital n'est pas une bonne idée. C'est oublier que l'une des variables-clés pour la performance sportive est la confiance en soi. Face à un enjeu important, un joueur ou une équipe confiants en eux vont aborder l'évènement avec motivation. Un même enjeu va a contrario produire du stress chez une équipe qui doute. Et le stress, à partir d'un certain niveau devient contre-productif : selon les joueurs, il se traduira par de l'inhibition, de l'agressivité, ou des problèmes d'attention. L'introspection, la capacité à analyser avec objectivité ses performances est certes essentielle à haut niveau. Mais avant l'évènement, c'est davantage la confiance en soi qui doit être travaillée : valoriser les joueurs, insister sur les points forts, mettre en avant les bonnes intentions de jeu plutôt qu'un résultat décevant paraît plus approprié. Il y a un temps pour tout.

mercredi 10 octobre 2012

Choisir le bon entraîneur

L'an dernier, la Ligue 2 de football a vu 5 de ses entraîneurs débarqués en cours de saison. Cette année, après 10 journées, pas moins de 3 entraîneurs ont été priés de faire leurs valises. Ces départs prématurés s'ajoutent à la grande valse des entraîneurs, qui anime classiquement les inter-saisons.

Les licenciements d'entraîneurs ont de lourdes conséquences, en particulier en cours de saison. D'abord pour les entraîneurs concernés, qui auront parfois du mal à retrouver un banc, et qui devront se relever sur le plan psychologique de cette séparation. Mais aussi pour les clubs : indemnités de licenciement conséquentes, nécessité de trouver un successeur parfois dans l'urgence, flottements dans la gestion sportive avec le risque d'une démobilisation des joueurs.

Pourquoi la "durée de vie" d'un entraîneur professionnel à son poste est-elle si limitée, par rapport à des fonctions de management dans des secteurs d'activités "classiques"?

Une première explication est liée à l'exigence de résultats. Les enjeux financiers et d'image sont tels qu'un club ne peut se permettre de végéter dans le fond du classement. Le fusible le plus "naturel" est l'entraîneur, qui paye alors les mauvais résultats du club, dont il n'est évidement qu'en partie responsable.

La seconde explication est l'inadéquation du profil de l'entraîneur par rapport au poste qu'il occupe. La séparation n'est alors que la conséquence d'un échec annoncé.

Bien définir le profil d'entraîneur que l'on recherche et prendre le temps d'évaluer en profondeur les candidatures pourrait prévenir bon nombre de séparations. Les entreprises l'ont bien compris : entretiens, questionnaires de personnalité, mises en situations,  études de cas sont autant d'outils pour clarifier le profil d'un candidat et s'assurer qu'il correspond bien à leurs attentes.

Est ce que je recherche un entraîneur plutôt directif ou participatif?
Quelles sont les motivations profondes de cet entraîneur?
Comment va-t-il se comporter vis-à-vis de son staff?
Comment va-t-il s'entendre avec le président?
Saura-t-il résister à la pression?
Va-t-il s'adapter à la culture du club?
....
Autant de questions qu'il paraît indispensable de se poser pour sécuriser le recrutement d'un entraîneur, et contribuer ainsi à la bonne santé sportive et financière d'un club.